Rencontres avec des artistes du Vieux Rauma…


Lors des visites des ateliers d’artistes qu’ils ont réalisées le lundi 15 février dernier dans le « Vieux Rauma », les élèves de la classe de CE-CM ont interviewé les artistes avec l’aide de leur professeur de Finnois, Mme Eeva Saalo Tammivuori.

Ils ont le plaisir de vous présenter ces entretiens et vous souhaitent à tous une bonne lecture…

Entretien avec Aila…

réalisé par les élèves de CE-CM

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 Aila est dentellière et représentante d’un artisanat emblématique de Rauma, celui de la dentelle.

 Pourquoi avez-vous choisi ce métier ?

 Quand j’étais petite, à la maison, ma maman faisait de la dentelle tout le temps. J’ai donc appris à faire de la dentelle avec elle. J’appartiens à la quatrième génération qui fait de la dentelle. Depuis 12 ans j’enseigne la dentelle à l’Institut populaire de Rauma, et je peux donc transmettre cette tradition.

Il existe plusieurs manières de faire de la dentelle. Quelle est la particularité de la dentelle de Rauma ?

Le coussin sur lequel on fait de la dentelle est particulier à Rauma, et les fuseaux aussi. Le fil utilisé est très fin et au milieu d’un napperon il y a toujours une partie en tissu de lin.

Quels sont les instruments que vous utilisez pour travailler ?

 Le coussin, les fuseaux, les épingles, le fil et bien sûr le plus important est le modèle que nous appelons à Rauma « mynsteri ». Le modèle est dessiné et imprimé sur un carton spécial.

Quelle est la matière que vous utilisez pour faire de la dentelle ?

Le fil est presque toujours en lin et il y a trois torons dans le fil. Cela donne un meilleur résultat. Le tissu est aussi en lin.

D’où vous est venue l’envie d’être dentellière ?

Quand j’étais enfant, je voyais ma maman faire de la dentelle à la maison. Elle a enseigné la dentelle à l’Institut populaire pendant 40 ans et au musée de Rauma, elle a fait de la dentelle pendant 20 ans. La dentelle est donc devenue une passion pour moi aussi.

Comment avez-vous appris à faire de la dentelle ?

A la maison, où la dentelle était une tradition et aussi une passion.

Combien de temps mettez-vous pour réaliser une dentelle ?

Cela dépend évidemment de la taille du napperon que je réalise et du nombre de fuseaux que j’utilise.

Quelle est l’origine de cette activité à Rauma ?

On pense que les commerçants et les marins ont amené la dentelle à Rauma au 17ème siècle.  Elle venait surtout d’Espagne, de France, d’Italie et de Belgique.

Depuis quand fait-on de la dentelle à Rauma ?

Il est difficile de le dire, mais on fait de la dentelle à Rauma depuis très longtemps. Quand la Finlande était sous domination suédoise et russe, les dentellières de Rauma faisaient de la dentelle pour les nobles.

Y a-t-il encore beaucoup de dentellières aujourd’hui à Rauma ?

Il y a beaucoup de gens qui font de la dentelle mais il y en a seulement une dizaine qui la vende. Ce travail prend beaucoup de temps et ne rapporte pas beaucoup d’argent.

Cette activité n’est-elle pratiquée que par des femmes ?

Il y a surtout des femmes qui la font mais il y a quelques hommes courageux qui ont osé s’y mettre et les gens sont toujours intéressés de voir les hommes faire de la dentelle.

Pourquoi la dentelle de Rauma est-elle réputée dans toute la Finlande ?

C’est une longue tradition ici. La dentelle de Rauma est fine et le centre en tissu révèle la beauté de notre dentelle.

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Entretien avec Eila Minkkinen…

Réalisé par les élèves de CE-CM

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Eila est une artiste aux multiples talents, explorant des domaines aussi variés que la création de bijoux en argent, d’objets en verre, de sculptures réalisées en papier mâché ou à partir de feuilles de cuivre, … Toutes ses réalisations sont des pièces uniques réalisées au gré de son inspiration liée à la nature et aux saisons.

Quelle technique utilisez-vous?

Quand on utilise le métal, on forge, on fond, on scie et on lime… Dans une œuvre, on utilise souvent plusieurs techniques pour avoir un résultat intéressant. Je choisis mes matériaux en fonction du travail que je réalise. Pour les bijoux, j’utilise de l’argent ou du bronze, pour les sculptures du cuivre.

D’où vous est venue l’envie d’être artiste ?

A l’école, je dessinais. Je faisais des aquarelles de paysages, de couchers de soleil et des tempêtes d’automne ! Mes bonnes notes en dessin à l’école m’ont donné envie de devenir artiste. Enfant je ne savais rien du métier d’artiste mais je pensais que ça devait être captivant !

Qu’est-ce qui vous a incitée à choisir la sculpture ?

A l’université des beaux-arts, j’ai appris à faire des bijoux, des plats et des vases en métal. Mais plus tard, dans mon propre atelier, j’ai voulu aussi faire des sculptures et des reliefs qui sont des objets de décoration.

D’où vient le choix de vos sujets ?

La nature, les fleurs, les feuilles, la mousse, les pierres … ont depuis toujours eu une influence sur mes oeuvres. J’ai fait des bijoux où les sujets sont des animaux de la forêt finlandaise : l’ours, le renard, le lièvre et plusieurs sortes d’oiseaux. Je les appelle « portraits » d’animaux.

Quels sont les outils que vous utilisez et où travaillez-vous ?

Après mes études, j’ai commencé à travailler dans mon propre atelier. Pour travailler le métal, j’utilise plusieurs sortes d’outils. La première chose que j’ai achetée était une table spéciale utilisée par les orfèvres, deux autres grandes tables, différentes sortes de marteaux et enclumes, des limes, une scie, un vilebrequin, deux aléseuses, un laminoir, des godets pour faire fondre l’argent, des moules et plusieurs petits outils spéciaux. J’avais besoin de beaucoup d’espace et quand j’habitais à Helsinki j’avais trois petits ateliers. Enfin j’ai trouvé un atelier assez grand et une maison agréable ici à Rauma.

Comment organisez-vous votre journée d’artiste ? Quel est votre rythme de travail ?

Normalement, je commence à 9h00 et je travaille jusqu’à 16h00. Plusieurs fois pendant la journée, je bois du café et je mange des biscuits, surtout si je pense que le travail n’avance pas et que j’ai besoin de réfléchir. Avec mon mari, je déjeune très tard, vers 16h00. Parfois, je vais dans mon atelier tard ou même pendant la nuit pour voir ce que j’ai fait pendant la journée.

Quels sont vos « trucs » quand les idées ne viennent pas?

Si mon travail n’avance pas, je vais marcher dans la nature ou je vais au musée d’art pour voir ce que les autres artistes ont fait. Quelquefois, je feuillette des livres d’art et je regarde des reproductions d’oeuvres. Parfois, quand je vois ce que les autres artistes font, je suis inspirée.

Qu’est-ce qui fait que chaque matin vous trouvez la motivation de vous mettre au travail ?

J’aime mon travail et je travaille avec application sur mes nouvelles oeuvres. Je n’ai pas le temps de m’ennuyer… Je participe à des expositions privées et à des expositions collectives pour lesquelles je dois préparer de nouvelles oeuvres. Parfois, j’ai des commandes à honorer et elles doivent être prêtes à la date fixée.

A quoi ressemble votre atelier ? Y passez-vous tout votre temps ? Allez-vous travailler ou faire des recherches à l’extérieur ?

Mon atelier se trouve dans maison où je vis. J’ouvre une porte et je suis dans mon atelier. Il est plein d’outils et de matériaux que j’utilise, des plaques de cuivre, du matériel pour emballer les œuvres, des oeuvres presque terminées et toutes sortes de bric-à-brac … . Je passe beaucoup de temps dans mon atelier, je m’y sens bien ! Le soir et pendant le weekend, il m’arrive d’y aller faire un tour…

Echangez-vous souvent avec d’autres artistes ? Que cela vous apporte-t-il ? Je participe à des expositions avec  d’autres artistes ; dans ce cas, nous discutons et j’aime bien ça.

Avez-vous une passion secrète ?

Je n’ai pas de passion secrète, mais j’adore voyager à l’étranger, voir de bons films et écouter de la musique, de la musique moderne, de la musique classique et du jazz.

En plus de votre travail artistique, exercez-vous une autre activité professionnelle ?

Après mes études, j’ai enseigné pendant sept ans le travail manuel artistique du métal à l’université d’Aalto à Helsinki. Quand j’étais étudiante et que je n’avais pas d’argent, j’étais plongeuse dans un restaurant. Mais aujourd’hui, je me consacre à plein temps à mon métier d’artiste.

Quels sont les artistes d’aujourd’hui ou d’hier que vous considérez comme importants (même s’ils sont éloignés de votre travail) ?

J’admire le sculpteur français Auguste Rodin et le sculpteur anglais Henry Moore. J’aime aussi beaucoup les artistes contemporains qui font des bijoux.

 Quel est le che­min de la créa­tion quand vous sculptez ? Faites-vous des esquisses pré­pa­ra­toires, des études ?

Si on me commande par exemple un bijou, je parle avec la personne qui l’a commandé pour savoir quelle sorte de bijou elle veut avoir et quel matériau elle désire que j’utilise. Ensuite je fais des croquis et, quand le client a donné son accord, je commence à réaliser le travail. Pour les sculptures, je fais beaucoup de croquis et parfois je dois réfléchir très précisément à la manière de procéder, surtout  quand la sculpture a plusieurs parties. L’assemblage des parties doit supporter le transport quand il y a des expositions ailleurs. Souvent, je dessine pour le plaisir et après je trouve parmi ces dessins une bonne idée pour une sculpture ou pour un bijou.

Travaillez-vous d’après modèle vivant ?

Pendant mes études,  j’ai beaucoup travaillé d’après des modèles vivants.

Pouvez-vous nous expliquer votre façon de faire du début à la fin d’une sculpture ? Combien de temps mettez-vous pour réaliser une sculpture ?

C’est difficile à dire parce que souvent il y a plusieurs étapes et cela dépend par exemple de la taille de la sculpture. Pour faire une sculpture, je peux y passer plusieurs jours ou une à deux semaines. Une fois, il m’est arrivé de passer trois mois pour faire une sculpture qui à la fin a été exposée à l’extérieur.

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Entretien avec Kerttu Horila…

réalisé par les élèves de CE-CM

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Kerttu est sculpteuse sur argile et peintre, connue pour ses sculptures extérieures décorant certains endroits du vieux Rauma, comme celles des  « trois grâces » se trouvant dans le canal ou celle de « la jeune fille assise sur un banc » se trouvant dans la rue Kuninkaankatu…

 Quelle technique utilisez-vous?

Je fais des sculptures en argile et des peintures à l’huile.

D’où vous est venue l’envie d’être artiste ?

Je savais depuis l’enfance que je voulais être artiste.

Qu’est-ce qui vous a incitée à choisir la sculpture ?

Quand j’ai fait mes études à l’université des beaux-arts à Helsinki, j’ai découvert la sculpture et j’ai décidé d’en faire mon métier.

D’où vient le choix de vos sujets ?

J’observe les gens.

Où travaillez-vous ?

J’ai acheté cette maison à Rauma il y a 30 ans et j’ai décidé d’installer mon atelier à côté de ma maison.

Qu’est-ce qui fait que chaque matin vous trouvez la motivation de vous mettre au travail ?

Je suis à la retraite depui sept ans mais je ne peux pas m’arrêter d’exercer ce métier car c’est une passion. Je suis toujours aussi motivée qu’à mes débuts.

Avez-vous une passion secrète ?

J’aime le jardinage mais c’est une passion qui n’est pas secrète. C’est plus qu’un hobby, je suis presque professionnelle. Il y a même des gens qui me demandent des conseils pour le jardinage.

Quels sont les artistes d’aujourd’hui ou d’hier que vous considérez comme importants (même s’ils sont éloignés de votre travail) ?

Renoir et Monet.

Quel est le che­min de la créa­tion quand vous sculptez ? Faites-vous des esquisses pré­pa­ra­toires, des études ?

Je fais de petits croquis.

Travaillez-vous d’après des modèles vivants ?

Je travaille à partir de photos ou de modèles vivants. J’ai pris par exemple plusieurs photos de deux jeunes filles dans des poses particulières puis je les ai sculptées. Je réalise aussi des peintures et des sculptures de vraies personnes. J’ai réalisé par exemple la sculpture d’un acteur du théâtre de Pori.

Pouvez-vous nous expliquer votre façon de faire du début à la fin d’une sculpture ? Combien de temps mettez-vous pour réaliser une sculpture ?

Il est difficile de dire combien de temps cela prend, mais comme l’argile sèche assez vite, on ne peut pas se permettre de prendre trop de temps. Cela peut prendre trois semaines au maximum.

Lorsque la sculpture est terminée, on la laisse sécher de deux à trois semaines. Pendant ce temps-là, je peux commencer un autre travail. On fait cuire la sculpture au four pendant 12 heures. On commence à température ambiante et on l’augmente petit à petit  jusqu’à 1140 ˚C. Ensuite, on baisse la température progressivement pendant 12 heures.

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